Lily. Seulement Lily.

Description psychologique

Elizabeth. Celui qui ose l'appeler comme ça risque fortement de se retrouver avec un membre en moins. Ce nom, beaucoup trop aristocratique à le don de la mettre dans une colère sans nom. Qu'est ce qui est passé par la tête de ses parents pour lui donner un nom pareil ? Lily, c'est tellement plus simple. Et puis, c'est le genre de nom qu'on oublie vite parce que c'est dans le même style que « Madame tout le monde ». Oui, Lily aime bien se fondre dans la masse. Se détacher de la foule ? A quoi bon. Dès que quelqu'un sort du lot, on le traite, l'insulte ou l'admire pour certains. Et elle n'a pas envie d'être le centre d'attention. Être connue de tous ? Aucun intérêt. Connaître tout le monde ? Ça c'est cool. Lily a une mémoire photographique, qui fait que tous les visages qu'elle croise, elle saura leur mettre un nom et s'en souvenir pour plus tard. Ça peut être très utile si un jour elle se fait agresser par un gros méchant pas beau. Et encore, si ça arrive, c'est plutôt lui qui devra aller porter plainte. Lily a un caractère bien trempé. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, et accorde sa confiance très difficilement. Pour elle « Il faut le voir pour le croire ». Elle a tendance à agresser les gens dès qu'ils haussent un tout petit peu le ton. Et s'ils osent lever la main sur elle, alors là, là ils ont signé leur arrêt de mort. Maitrisant plusieurs sports de combat, Lily pourrait vous tuer juste avec un seul mouvement de la main. Mais vu que ce n'est pas dans ses intentions, elle peut juste vous faire très très très très très mal, sans laisser de trace extérieure. Et ouais, comment on porte plainte s'il n'y aucune trace de lutte ? Ça aussi, c'est la classe.

D'un aspect extérieur, Lily semble assez « j'm'en foutisme ». Ennuyée par tout, elle a souvent le regard vague, vide, qui vaque à d'autres occupations. Les cours ? Faire ami ami avec les gens ? Sans aucun intérêt. Elle ne fait aucun effort pour aller vers les autres, ou s'intéresser à quelque chose d'autre que … Que rien en fait. Elle n'a aucun centre d'intérêt. Enfin presque. Elle aime bien les films, et en regarder des dizaines et des dizaines à la suite. Pour ça, elle a même réussi à prendre son lecteur DVD portable, et à l'utiliser dans sa chambre, sous sa couette. Bon, elle se l'est fait prendre plusieurs fois par les surveillants de dortoir, donc depuis elle coupe à l'extinction des feux, la plupart du temps. Et, vous voulez un secret ? Lily aime les films à l'eau de rose. Oui, je vous assure. Cette brute exécrable, associable, à tendance sarcastique et ironique aime les films cul-cul. Et ça, c'est bien la seule chose qu'elle n'assume pas. Le reste, ça lui passe bien au dessus de la tête. Mais qu'on puisse briser son image fière avec ce genre de truc fifille... C'est la fin du monde. Et pourtant, bon dieu qu'elle aime. Mais tout ça, c'est à cause de Tori ! Qui est Tori ? Ben sa voix.

Lily est schizophrène à c'qui parait, comme elle dirait. Sa voix s'appelle Victoria, mais préfère qu'on l'appelle Tori. A la façon de Lily, ce prénom trop « bourg » ne lui plait pas. Alors que « Tori » ça claque comme nom, non ? Enfin, ce qui « claque » moins c'est son omniprésence. Lily voudrait bien que sa voix lui lâche les baskets parfois. C'est lourd d'entendre toujours quelqu'un te souffler les réponses, rire de toi pendant que tu regardes Dirty Dancing, ou des trucs comme ça. Tori, un fantôme qui hante Lily ? Mais non, voyons, elle est schizophrène, pas nécromancienne. De plus, elle n'a jamais vu à quoi ressemblait Tori. Enfin, quelques fois c'est vrai qu'elle a l'impression de la voir, comme un fantôme, sauf que ça passe vite quand Lily lui demande de disparaître. Enfin, elle disparaît que « physiquement », parce que le son mélodieux qui sort de sa bouche invisible est toujours là pour ricaner. Parfois, Lily pense que si Tori disparaissait, ce serait cool. Alors elle prend ses médicaments. Puis Tori lui manque. Alors elle la fait réapparaitre. Bizarre, non ?

Description physique

Lily est une fille qui, d'apparence comme de caractère, se fond facilement dans la masse. Avec son un mètre soixante trois, elle fait une taille qu'elle juge « moyenne », bien que « légèrement petite ». Mais elle n'a pas fini sa croissance, après tout. Enfin, elle espère gagner encore quelques centimètres, « histoire de ». Pour aller de pair avec cette taille passe partout, Lily a un poids convenable. Peut être un ou deux kilos de trop, mais rien de très grave, ni de très remarquable. De toute façon, elle ne se privera jamais de son bol -extra chocolat- de céréale à minuit pour avoir une taille de mannequin. Attirer tous les regards ? Plaire ? Se faire séduire ? Ahah, la bonne blague. Pourtant, plutôt bien formée, Lily pourrait se faire draguer par plus d'un. Si seulement elle ne foudroyait pas du regard le premier qui s'approchait d'elle, et ne faisait pas une clé de bras à celui qui voudrait passer sa main sur son épaule. Eh oui, faut pas trop lui en demander à la Lily. Supporter les gens, ok. Mais de loin seulement.

Une chose qu'elle adore chez elle ? Ce sont ses cheveux. Longs, ils lui caressent facilement le milieu du dos quand elles les détachent. Ils sont plutôt soyeux, et brillants, du fait qu'elle prenne très soin d'eux. Épais, il y a quelques épis qui persistent à rester malgré des efforts acharnés pour les dominer. La plupart du temps, ils ondulent légèrement, et parfois bouclent. Lily a tendance à les nouer en une queue de cheval haute, pour éviter qu'ils lui tiennent trop chaud. Parfois, mais c'est beaucoup plus rare, elle s'amuse à tester diverses coiffures pour voir ce que cela donne. Les couettes sont sa deuxième coiffure préférée, laissant à la queue de cheval la première place. Quand elle a cette coupe, Lily laisse deux mèches - autour de sa frange – détachées « parce que c'est plus joli », qui lui tombent au niveau de la poitrine. De couleur châtain, ils deviennent plus foncés ou plus clair selon l'éclairage ou la saison. Une frange maladroitement découpée lui arrive juste au dessus de ses yeux.

Tiens, parlons en de ses yeux. Ce sont comme deux saphirs plantés au milieu d'un visage inexpressif, ou blasé. Tout comme ses cheveux, l'éclat de ses yeux dépend de la luminosité, variant du bleu foncé ou bleu clair. Elle ne se maquille pas, trouvant cela comme une perte de temps et « un prétexte inutile pour se lever plus tôt ». Elle a déjà essayé de mettre des lentilles de couleur, histoire d'arrêter de se prendre des réflexions agaçantes telles que « Tu as de beau yeux Lily ! ». Mais ses yeux ne supportent pas, alors elle a abandonné l'idée. Elle garde donc ces deux pierres sur son visage ovale malgré qu'ils aient une manie énervante d'être mis en avant par la pâleur de son visage. Ben ouais « le soleil ça fait trop chaud pour rester dessous ». Logique.

Son histoire

Quand je suis arrivée à Monty, on m'a tout de suite foutue chez le psychologue, pour que je lui raconte ma vie. Mais je n'en avais pas spécialement envie, à vrai dire. Débiter des flux de paroles sur moi n'était pas une chose qui j'appréciais. Mais d'un autre côté, je ne voyais pas du tout comment fuir de cet endroit à l'ambiance morbide. Les fenêtres étaient fermées, et puis on était trop haut. Une délicieuse odeur qui était censée vous mettre à l'aise me donnait la gerbe. Donc, j'étais prisonnière. Je parie que si je voulais sortir par la porte, elle serait verrouillée. Mais je ne voulais pas prendre le risque d'essayer, ça le ferait mal de se faire ramener par la peau des fesses après, n'est ce pas ? Tant que je ne parlerais, je ne sortirais pas, si j'ai bien compris. Et bien soit, je vais jouer le jeu, si c'est ça qu'il attend de moi. A côté de moi, Tori ricane bruyamment. J'aimerais lui lancer un regard noir, mais je ne sais pas où elle est. Mais je ne veux pas la faire apparaître non plus. Ignorant totalement ma « voix », je me concentre sur un pot de crayon noir et jaune sur le bureau du psy. C'est bizarre, on dirait une abeille. Moi je trouve qu'on dirait plutôt une guêpe. Oh, tais toi Tori ! Tu m'agaces. Voyant un rictus se dessiner sur mon visage, le psy me demande ce qui se passe. Comme si tout cela n'était rien du tout, je lui explique que Tori m'agace. Je ne vois pas pourquoi je lui ai dit ça. Peut être parce qu'il m'a appelé « Lily » et pas « Elizabeth » comme la plupart des adultes qui découvrent mon dossier. Il marque donc un point. Ce n'est pas pour autant que je vais pleurer dans ses bras en lui racontant que ma mère était une connasse et que seul Liam méritait mon attention. Pourtant, il me pousse à bout, avec son regard insistant, qui veut dire « J'ai tout mon temps Lily, parle moi donc ». Qu'est ce que c'est agaçant ! Moi je le trouve plutôt mignon, mais un peu vieux. Mais mignon. Elle aussi, elle m'énerve.

Comme si tout cela n'était que du passé, je lui racontai donc ce qu'il savait déjà. J'avais passé mon enfance dans la capitale irlandaise, à avoir une vie tout à fait normale. Je n'ai jamais rien fait d'extravagant dans ma jeunesse. A part tondre les cheveux de ton cousin parce qu'il disait que tu étais moche. A huit ans. Ça promettait. D'un geste invisible, je chasse Tori de ma tête pour continuer sur ma lancée. Une fois, je m'étais teint les cheveux, en rose, sans l'accord de ma mère. Et l'avait mal pris. Le psy me coupe, pour me demander pourquoi je crache autant en prononçant le mot « mère », mais je préfère l'ignorer et continue dans mon histoire. J'étais fille unique, et Papa n'était plus avec ma génitrice. Ce qui était compréhensible en soi. Il était parti vivre en Italie, où je passais toutes mes vacances d'été jusque là. Le psy semble m'écouter attentivement, attendant le déclic concernant Tori. C'est peut être pour ça que je me mis à débiter des âneries sans aucun intérêt sur ma jeunesse, et sur le fait que j'adorais aller voir Papa à Turin pendant les vacances, et manger des glaces en faisant les boutiques. Et qu'en plus, il m'achetait souvent pleins de vêtements différents, parce que j'aime beaucoup les vêtements. D'ailleurs, il n'y a pas une boutique de fringue ici ? Trouvant la question intéressante, je la pose au psychologue, en insistant sur le fait que ce soit Tori qui me demande ça. Il s'empêche de me regarder bizarrement, et me parle un peu du principe des bracelets, mais me fait comprendre gentiment que je pourrais demander tout ça après. Très bien. Soit.

J'aime bien raconter des trucs inutiles. Je lui racontai que mon voisin s'appelait Liam. Et qu'il était un jeune homme très gentil. Mais il était assez étrange, il ne portait que des vêtements larges, et compagnie. En été, il crevait de chaud, mais ne voulait jamais se dévêtir davantage. De plus, tout ce qui était piscine était interdit chez lui. Je n'ai jamais rencontré ses parents, il ne voulait pas. Mais je m'en foutais un peu, à vrai dire. J'aimais les moments que je passais avec lui, autant le jour que la nuit. Ma mère n'aimait pas que je sorte la nuit, mais je le faisais derrière son dos. Le psy me demande si je suis amoureuse, ou si j'ai été amoureuse de lui. D'un geste de totale désinvolture, je réponds que peut être, je ne sais pas. C'était du passé. Mais il insiste, le bougre. Alors je me remet à raconter des trucs inutiles, comme une fois ma mère m'avait interdit de sortir, parce que j'avais été « pas gentille avec mes professeurs », et elle ne voulait pas m'écouter quand je lui disais que ce n'était pas de ma faute. Puis, je me remet à parler de Liam, le plus naturellement du monde. Bizarrement, dès que je parle de Liam, ou que je pense à lui, Tori se fait silencieuse. Mais ça, je le garde pour moi. Ce parfait inconnu n'a pas besoin de savoir. Je met un point d'honneur à parler de mon ancien ami, comme si cela était encore plus important que Tori. Plus on parle, moins ils se doutent quand on ment non ? Tous les adultes sont pareils, de toute façon.

Des sueurs glaciales passent le long de ma colonne vertébrale quand je mentionne la disparition soudaine de Liam. Je croyais qu'il avait déménagé, ou je sais pas trop quoi. J'étais terriblement frustrée qu'il ne m'en ai pas averti, même si la dernière fois qu'on s'était parlés, on s'était engueulés. En plus, c'était de ma faute, si ça s'est déroulé ainsi. Mais non, ce n'était pas de ta faute Lily ... me murmure Tori, pendant que le psy me demande pourquoi je dis ça. Mais je balaye sa question d'un clignement de paupière en arrivant enfin à ce qu'il voulait entendre : L'apparition de Tori. Ça s'était passé à peine une semaine après le départ de Liam, mais je ne pense pas que ça ait un lien. Sinon, je le saurais, n'est ce pas ? Le psy me demande pourquoi « Tori » et pas un autre nom. Je lui explique alors que c'est elle qui m'ait apparue en disant qu'elle s'appelait Tori. Mais que c'était bien plus tard qu'elle m'a dit qu'elle se nommait Victoria, mais qu'elle était comme moi, et qu'elle n'aimait pas son nom. Le psy griffonne quelque chose dans son calepin, surement quoi comme Tori est mon alter égo, ce qui est peut être vrai à près tout. Mais je m'en fou de ce qu'il dit sur moi, ça ne m'intéresse pas. Il me pose alors une avant dernière question, et me demande comment ça se fait que je me sois retrouvée ici.

Un éclair de colère passe dans mes yeux à cet instant. Le psy a du le remarquer, car il a essayé de me toucher comme pour me mettre « à l'aise », chose que je supporte pas. Je l'ai presque envoyé valser d'un mouvement de main en reculant vivement. Plutôt surpris, il se remit à sa place, sans rien dire. Ce type me fait un peu peur. J'espère que je ne devrais pas le voir tous les jours, parce que je vais devenir folle pour de bon. Tu n'es pas folle Lily ... me chuchotait cette voix si familière. Par moment, on aurait dit les intonations de Liam. Mais mon ami n'était pas un ami imaginaire féminin. Bref. Voulant en finir au plus vite, je marmonnai que j'avais parlé de mon problème à mon père au téléphone parce que j'avais besoin de parler. Mais que ma « mère » avait écouté notre conversation, pendant que je discutais avec Papa du chagrin du départ de Liam, et la présence continuelle de Tori à mes côtés depuis bientôt six mois. Prise de panique, elle m'a enfermée dans ma chambre en me traitant de menteuse. Elle m'a toujours énervée à mettre en doute ce que je disais. Deux semaines plus tard, elle m'a envoyée ici, en disant que c'était pour mon bien, et que tout irait bien. Je n'aimais pas cette femme. Elle avait trouvé le premier prétexte pour me foutre à la porte.

« Est-ce que tu veux guérir Lily ? » ... Quelle question étrange. Je dirais bien « non » pour le faire chier, mais son regard est tellement insistant que j'aurais préféré mentir. Sauf que les seuls mots qui sont sortis de ma bouche, furent « Pourquoi pas. » Mais au fond, je ne veux pas que Tori parte. J'aime bien sa présence près de moi. Même si elle est agaçante, à tout le temps parler quand il faut pas, et à faire des commentaires déplacés. Mais c'est un peu comme mon ami. Comme Liam.